dimanche 5 septembre 2010

" Le Diable vit à Notting Hill " de Rachel Johnson

Titre :     Le Diable vit à Notting Hill (titre original " Notting Hell ")
Auteur :    Rachel Johnson
Editeur :   Editions de Fallois
                 295 pages

 
Tout le monde, ou presque, a entendu parler du célèbre et non moins huppé quartier londonien de Notting Hill, notamment grâce au film "Coup de Foudre à Notting Hill " qui narrait la romance entre Hugh Grant et Julia Roberts.

Ce roman anglais, qui court sur deux années, se fait alterner les récits de deux amies, Clare Sturgis et Imogen Fleming dite Mimi, qui toutes deux habitent un petit coin de paradis, dans ce qui se fait de plus chic à Notting Hill : un ensemble de résidences cossues réunies autour d'un square privé.

Clare est mariée à Gideon, un architecte très en vogue car sur le créneau des habitats écologiques de luxe (une façon pour les plus fortunés de se déculpabiliser...). Quand elle ne s'adonne pas à ses cours de Pilate ou à ses après-midis de feng-shui avec Donna sa béquille spirituelle, Clare est paysagiste (et réalise d'adorables jardinières pour ralentir le flux de votre sha-chi...). On se rend vite compte que ses clients sont en fait ses voisins de square et que ce travail de décoratrice de jardins tient plus du passe-temps que d'un réel gagne-pain.
Clare, qui est un peu l'adaptation londonienne d'une Bree Van de Kamp dans Desperate Housewives, a beau maîtriser tout son univers, de l'agencement de son intérieur à son emploi du temps de ministre, elle n'a toujours pas eu le bonheur d'être mère et cela occupe toute ses pensées.

Mimi, elle, est chroniqueuse dans un magazine anglais à grand tirage, où elle tient différentes rubriques, notamment sa plus célèbre où elle demande à des personnalités de décrire leurs futures obsèques ... Malheureusement, à la différence des autres femmes et épouses du square, ce boulot est financièrement important pour sa famille. Ralph, son mari, est l'héritier familiale de sa demeure de Notting Hill mais, malgré son travail dans l'industrie pétrolière, il a du mal à faire face au train de vie et à la montée en flèche des prix dans ce quartier couru par des banquiers américains, des avocats ultra-médiatisés sans oublier des réalisateurs et autres vedettes du cinéma.
Mimi, mère de trois enfants, témoigne d'une admiration sans bornes pour les autres mamans du square (elle les appelle les MNH = Mothers Notting Hill) qui arrivent à gérer les activités extra-scolaires (séances de cricket, cours de piano, de grec ancien etc.)  de leurs (minimum) 4 enfants qui possèdent tous des noms de fleurs ou de fruits, la gestion des menus macrobiotiques sans gluten de toutes ces bouches à nourrir, leurs séances de yoga, de shopping et d'instituts de beauté, et qui arrivent même à créer des lignes de vêtements en cachemire pour occuper leurs après-midis de désoeuvrement. Mimi, elle, arrive à peine à contrôler ses ados, tenir sa maison en ordre et trouver le temps de se peigner avant d'aller faire ses courses alimentaires aux côtés des actrices et top-models qui habitent Notting Hill. Il faut dire qu'elle n'a pas le budget pour se payer une armada de bonnes philippines pour récurer un hectare de cuisine en inox dernier cri ...

Si l'univers de ce huis-clos est frais, sympathique et insouciant (quoiqu'un peu snob à mon goût : aucune description ne se fait sans une liste exhaustive des stylistes à la mode et des restaurants les plus hype), l'intrigue reste un peu creuse ... : en pleine nuit, Clare qui souffre d'insomnie, entrevoit par la fenêtre Virginie Lacoste, sa voisine d'en face, s'enfuir discrètement et en légère nuisette du jardin des Avery. Que fait-elle à cette heure tardive et en telle tenue ? Y-a-t'il des infidélités dans l'air ? Bob Avery trompe-t-il sa femme avec la ravissante frenchie ? Selim Kasparian, millionnaire de son état, emménage dans une maison du square, ce qui crée une émulation au sein de la petite communauté, surtout auprès de Mimi qui est attirée physiquement par ce nouveau mâle (et par son argent aussi faut dire ...). Les Avery, la dernière famille arrivée dans le square, entreprend des travaux gigantesques, un garage soit-disant, qui s'avère être en réalité une extension luxueuse de leur maison, venant gâcher l'harmonie esthétique du square, ce qui déclenche une guerre au sein de la co-propriété du square et nourrit l'hystérie de Clare l'enquêtrice.


Entre fêtes organisées sur la pelouse verte, vie quotidienne dorée des beautiful people et compétitions entre les fameuses MNH, ce roman distrait par ses petites intrigues amoureuses et immobilières.
La lecture de ce roman n'est pas désagréable, elle est même divertisssante et prête à sourire, idéale pour lire en vacances par exemple. Mais il ne faut pas s'attendre à se bidonner de rire ou vivre beaucoup de suspens. " Le Diable vit à Notting Hill " se lit comme on regarderait un téléfilm un dimanche soir d'ennui ou comme un témoignage humoristique, une lucarne sur un mode de vie très privilégié.

Note :