samedi 15 janvier 2011

"Une Voix dans la Nuit" d'Armistead Maupin

Titre :     " Une Voix dans la Nuit "
Auteur :    Armistead Maupin
Editeur :   Editions de l'Olivier (livre de poche collection Points)
                 430 pages

Pour ceux qui connaissent bien Armistead Maupin (le père des excellentes Chroniques de San Francisco), ils retrouveront de plaisantes similitudes entre l’auteur et son personnage principal. En effet Gabriel Noone  est lui aussi un écrivain devenu célèbre grâce aux épisodes qu’il écrit, publie et surtout lit lors d’une émission diffusée le soir à la radio : Noone at Night. Ces fictions littéraires et radiophoniques racontent les aventures et péripéties d’un groupe d’habitants et amis de San Francisco (le lien avec Michael ‘Mouse’, Mary Ann, Brian et le 28 Barbary Lane est un bel hommage à ces Chroniques qui ont fait le succès de Maupin).

Gabriel Noone est donc un auteur reconnu, qui vit une existence riche et épanouissante, dans l’excentrique ville du Golden Gate. Mais ce qui semblait être une solide félicité s’effondre lorsque Jess, son compagnon et associé, le quitte après dix ans de vie commune. Le doux et stable foyer auquel Gabriel avait aspiré et croyait éternel, s’échappe comme poussière au vent. C’est une sale période pour Gabriel qui se retrouve de nouveau seul, ses espoirs déçus et sans la moindre envie d’écrire quoi que ce soit.

Un jour cependant, il reçoit d’un éditeur le manuscrit d’un futur roman, La Fabrique de cirage, pour qu’il le lise et lui demander s’il souhaite en  rédiger la préface. Ce roman va le bouleverser, le faire sortir de son apathie et redonner un nouvel intérêt à sa vie.

Il s’agit d’un roman autobiographique racontant l’abominable enfance de Pete qui, jusqu’à ses onze ans, a subi de la part de ses parents ainsi que d’une bande d’ignobles clients pédophiles, les sévices sexuels les pires qui soient possibles. Par chance le gamin parvient un jour à s’échapper et à dénoncer ses tortionnaires à la police. Pete est finalement adopté par Donna, psychologue, qui l’aidera à se reconstruire et sera son rempart contre le monde extérieur. Malheureusement, certaines blessures physiques sont aussi rémanentes que les traumatismes psychiques : le garçon est atteint par le Sida. Il vit désormais, à treize ans, dans une bulle aseptisée qui le maintient en vie, où ces seuls exutoires et échappatoires sont l’écriture de ce roman et les émissions de Noone at Night, retransmises même de l’autre côté du continent, dans le Wisconsin.

L’entrée en matière vous semble sûrement très pesante, trop sinistre. Pourtant la suite du récit révèle une telle luminosité que sa lecture m’a donné beaucoup d’espoir et de force.

Le postulat de départ, l’histoire de ce petit garçon, est abominable, sans conteste (mais l’est-elle plus que ce que l’on peut apprendre dans l’actualité ?). Elle a de quoi faire pleurer, assurément. Malgré cela, et comme je viens de le dire, de ce drame naît une telle force de vie. Ce garçon, Pete, est un personnage tellement touchant par sa détermination à vivre et son énergie, qu’il vous donne à réfléchir.

Passé cet épisode cruel, Une Voix dans la Nuit est un roman rempli de douceur et d’amour. Car en effet, Gabriel a la cinquantaine, n’a désormais plus son partenaire auprès de lui et n’a jamais pu avoir d’enfant.  Lorsqu’il apprend dans ce roman que Pete s’est accroché à la vie grâce à ces petits contes urbains que l’auteur distillait à la radio, Gabriel y voit comme une connexion, la rencontre de deux solitudes.

Un jour, il prend le risque de téléphoner à Pete, et dès les premiers mots échangés, une relation fusionnelle s’établit entre les deux personnages. Gabriel qui n’a pas d’enfant, sent en lui des instincts paternels envers ce garçon, qui, de son côté, voit en l’écrivain, le père qu’il aurait dû avoir. Au fil des appels téléphoniques, quasi quotidiens, chacun va se soutenir moralement, se révéler et finalement s’aimer à distance.

« Quand je dis que c’est mon fils, ça fait drôle, je sais. Il y a comme de l’affection là-dedans, on sent bien que c’est un fantasme, qu’il ne faut pas le prendre au sérieux. Un vague sourire de commisération passe fugacement sur le visage de mes interlocuteurs. Je n’ai pas de peine à voir dans quel tiroir ils me rangent : celui du quinquagénaire frustré qui essaye d’assouvir in extremis sa soif de paternité avec l’enfant de quelqu’un d’autre.
Mais ils se trompent. En toute franchise, je n’ai jamais eu de désir d’enfant. L’idée ne m’a jamais effleuré un instant qu’un caprice de la nature m’avait empêché d’accomplir mon destin de mâle. Notre rencontre, à Pete et à moi, n’a été qu’un pur accident, un heurt entre deux âmes sœurs qui n’avait rien à voir avec des pulsions paternelles, latentes ou autres. Ça au moins, j’en ai la certitude.
« Fils » n’est pas le mot qui convient, bien sûr.
Mais c’est le seul qui est de taille à décrire un évènement pareil. »

Jusqu’au jour où naît le doute sur l’existence de Pete, qui ne communique que par téléphone (à cause des dangers de contagions qui seraient mortelles pour lui) et que personne n'a rencontré personnellement.
Et là, l’angoisse saisit le lecteur jusqu’aux derniers chapitres. Et c’est ce qui fait la richesse de ce livre : il s'agit aussi d'un roman à suspens !
À partir de ce moment, Gabriel veut savoir si Pete existe vraiment, quoiqu’il hésite à rendre le risque de mettre fin à ce lien affectif auquel il ne peut plus se passer.


En dehors de cette recherche, j’ai trouvé ce roman très riche car il traite, en second plan mais avec beaucoup de justesse et de profondeur, d’autres sujets qui mériteraient d'autres livres de Maupin. Par exemple, j’ai été très touché par les descriptions que Gabriel nous confie au sujet de sa rupture avec son partenaire, l’idée d’avoir perdu une certitude, d’être devenu bancale, comme déséquilibré. Que les espoirs de vieillir ensemble dans une confortable complicité se sont envolés et qu’il va falloir de nouveau affronter la solitude. Les souffrances incontrôlables en imaginant l’être aimé plus heureux sans vous, ou pire, heureux avec un autre.

Gabriel parle également de sa difficile relation avec son père. Relation mis en comparaison avec celle qu’il nourrit avec son presque « fils adoptif ». Il jongle entre les reproches et le pardon vis-à-vis du vieil homme, se nourrissant de ses souvenirs d’enfance, du manque affectif paternel mais aussi d’une histoire familiale complexe et de la difficulté à se construire et à s’affirmer en tant qu’homosexuel.

Et puis bien entendu, Armistead Maupin qui est une icône de la culture gay et surtout un témoin-clé de la vie des homosexuels dans ce berceau qu’est San Francisco, revient de nouveau dans ce roman sur la vague noire du VIH qui a emporté beaucoup de ses amis. Il en parle avec beaucoup de lucidité et de recul. Pourtant, on se doute bien à la lecture des passages où il raconte comment il a dû soutenir puis voir mourir ses camarades, qu’il y a énormément de souffrance qui a dû être évacuée pour en arriver à en parler avec autant de franchise sans tomber dans le dramatique.


Je suis sorti de ce roman avec beaucoup de questions et de doutes mais tout cela était constructif. J’avais quitté Armistead Maupin avec le dernier tome des Chroniques de San Francisco (« Michael Tolliver est vivant ! ») très attristé car j’y avais retrouvé mon personnage préféré, Michael, en cinquantenaire aigri, nostalgique, pessimiste, tout le contraire de ce qui le rendait si sympathique. Cela m’avait laissé un goût amer. Avec Une Voix dans la Nuit, j’ai découvert un autre degré, supérieur, dans l’écriture de Maupin, qui m’a confirmé qu’il est, pour moi, un écrivain qui raconte la vie, la vraie, avec ses épisodes douloureux mais aussi ses passages solaires, ses amitiés, ses amours. Ses fantaisies.



Note :







vendredi 14 janvier 2011

Quelques extraits de "Une Voix dans la Nuit" d'Armistead Maupin



"_Tu comprends, Jess était mon unique certitude, dis-je. L'idée de la perdre me déplaît souverainement.
_ Quel genre de certitude ?
_ Oh, ce n'est qu'un sentiment qu'on éprouve à certains moments. Par exemple, quand on est sur une autoroute la nuit, fonçant dans l'obscurité avec les lumières qui défilent des deux côtés, qu'on ne se parle même pas, et que tout à coup l'un de nous deux pose la main sur la cuisse de l'autre. Il n'existe pas au monde d'instant plus vrai que celui-là, Pete. Et il n'exprime qu'une chose : "Tu es là, je suis là, nous sommes ensemble." C'est un sentiment qu'on éprouve aussi en avion, quand les lumières de la cabine sont éteintes et qu'on est les deux seuls à ne pas être endormis. Ou même quand on est chacun à un bout du salon pendant une réception ennuyeuse et que nos regards se croisent par hasard. C'est l'unique forme de miracle qui nous soit accessible, je crois. "
(chapitre 7, p. 142)



" Ce qui fait la richesse du coeur, c'est l'amour qu'on donne, pas celui qu'on reçoit. L'important, c'est d'aimer. Être aimé, c'est à la portée de n'importe qui. Même Hitler, y'a des gens qui l'aimaient."
(chapitre 7, p. 143)



"_ Tu crois que le paradis existe ?
_ Euh... oui. Mais on y est déjà, à peu de chose près.
_ Qu'est-ce que tu veux dire ?
_ Être proche de quelqu'un, c'est le paradis. Ou en tout cas, c'est le seul genre de paradis auquel j'aspire. Parce qu'au moins on peut en jouir de son vivant. Et que c'est comme ça qu'on finit par vivre éternellement. Dans le coeur de ceux qui vous ont aimé.
_ Et quand ils meurent à leur tour ?
Je m'esclaffai. "
(chapitre 8, p. 151)




vendredi 7 janvier 2011

Le défi Harry Potter # 1

tome 1
Oui Harry Potter c’est du vu, du revu et du re-revu. Il y a bien sûr les livres, les films… et puis les cartables, les trousses, les panoplies, sans oublier les housses de couette. Mais ! mais ! mais ! moi, (et c’est puéril je le sais) je suis toujours aussi émerveillé lorsque je revis les aventures du jeune sorcier à la célèbre cicatrice.

Comme tout le monde je suppose, je me suis payé la fameuse séance ciné de Noël pour aller frissonner devant la première partie du dernier film adapté du 7ème et ultime tome (c’est bon tu remets toute la chronologie bien en ordre là ?). Le film final en deux parties, oui, on aime faire durer le plaisir.
Je ne sais pas pour toi, mais en ce qui me concerne, ça me fait retrouver mon adolescence. Je me rappelle avoir découvert le monde fantastique de Poudlard, je devais être au collège, vers 13 ans. Et tu penses bien, une école où l’on apprend à mettre en lévitation des objets, se métamorphoser en animal ou porter des capes d’invisibilité ! j’aurais payé cher pour manier la baguette magique moi aussi ! À l’époque, l’un de mes centres d’intérêt c’était la botanique (curieux pour un gosse n’est-ce-pas ? faut pas chercher) et je me disais que si j’étais élève à Poudlard, j’aurais excellé dans le savoir des propriétés magiques des plantes, champignons et autres mandragores. J’étais un collégien très assidu, travailleur, genre « premier de la classe », et Hermione était ma meilleure amie (gros ‘lol’ quand j’y repense). Puis encore au lycée, ma matière de prédilection était la chimie. Et tu vois aujourd’hui, c’est pas ingénieur-chimiste que j’aurais dû faire, mais préparateur de potions magiques, filtres d’amour et décoctions de venin !

Voilà aussi ce qui est magique avec les livres de J.K. Rowling, c’est que des tas de jeunes comme moi ont grandi avec Harry, Ron et Hermione et tous les autres apprentis sorciers (petite pensée pour Neville que j’adore parce qu’il est aussi maladroit que moi !). Je repensais à cela lorsque j’ai entendu à la radio que Daniel Radcliffe (Harry Potter à l’écran) était plus jeune que moi de trois années uniquement. C’est cucul mais ça me touche.
Et avec le recul, je me dis que, si cela reste de la littérature pour jeunes, on trouve dans l’écriture de J.K. Rowling de vraies valeurs (certes toujours les mêmes, idéalistes… mais constitutives voyons !), comme le courage, la persévérance, l’amitié et l’amour, le bien contre le mal et puis comment entrer dans l’âge adulte avec son lot de devoirs, responsabilités et de choix (les derniers tomes sont d’ailleurs très sombres et inquiétants).

Alors en fait j’écrivais pour dire que, si j’ai bien compté, il reste 7 (chiffre magique s’il en est), 7 mois avant que le tout dernier épisode soit diffusé au cinéma (la deuxième partie du dernier … mais oui, souviens-toi !). 7 mois, 7 livres (les 7 nains ! … pardon) : mon objectif est donc de relire tous les tomes d’Harry Potter, au rythme d’un par mois. Ainsi je savourerai encore plus le dernier combat contre Lord Vold … je veux dire … Vous-Savez-Qui…

Dans mon tout nouveau calendrier 2011 il y a donc :
Janvier : « Harry Potter à l’école des sorciers »
Février : « Harry Potter et la Chambre des Secrets »
Mars : « Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban »
Avril : « Harry Potter et la Coupe de Feu »
Mai : « Harry Potter et l’Ordre du Phénix »
Juin : « Harry Potter et le Prince de sang-mêlé »
Juillet : « Harry Potter et les Reliques de la Mort »

Et ça commence maintenant avec le tout premier tome (presque déjà terminé !).

Allez, j’enfourche mon balai et je vous quitte : bonne lecture !