Ce matin après mon jogging dominical, j’allume mon ordi, me connecte sur le net et feuillette les divers blogs et sites qui sont listés dans mes favoris. Et là, je tombe sur LA bonne nouvelle. Sur le blog de Cultura, là, dans un encart bien placé, mon œil tombe sur deux-trois mots qui font ‘tilt’ dans mon petit cerveau :
« Philippe Besson », « prochain », « roman ». Et à ce moment-là je dis : Hallelujah !
En effet, après deux années sans pouvoir lire mon romancier préféré (j’ai lu l’intégralité de ses œuvres !), le 6 janvier prochain sortira le nouveau et onzième roman de Philippe Besson : « Retour parmi les hommes ».
Et comble de joie, il s’agit de la « suite », si on peut dire, de son premier roman publié exactement dix ans auparavant « En l’Absence des hommes ». Ce livre est sans hésitation LE livre qui trône au sommet de mon panthéon personnel. On a tous rencontré (car il s’agit bien de rencontres) un roman qui nous a ému plus que tout ce que nous avons déjà lu, qui, une fois refermé, ne nous laisse pas tout à fait comme avant. « En l’Absence des hommes » est ma plus belle rencontre et je remercie le hasard qui m’a amené à lire cet auteur.
« En l’Absence des hommes » Été 1916, la Première Guerre Mondiale fait rage et tous les hommes sont partis sur le front. Seuls restent à Paris les femmes et les enfants. Vincent de l’Etoile a 16 ans lors de cet été. Les combats sont loin et de toute façon le garçon est indifférent au monde qui l’entoure. Jusqu’au jour où le jeune homme fait les deux rencontres essentielles de sa jeune vie. Ces deux rencontres qu’il nous narre à la première personne.
Vincent est issu d’une bonne famille et c’est dans le salon d’une amie de sa mère qu’il croise Marcel Proust, le délicat et célèbre auteur. Une amitié épistolaire et intime va s’installer entre l’homme érudit et l’adolescent. Proust va devenir le témoin du drame que vivra Vincent.
Dans le même temps, Arthur, le fils de la gouvernante, refait son apparition dans la demeure de la famille De l’Etoile lors d’une permission. Arthur, vingt ans, est soldat sur le front de Verdun et c’est conscient de l’épée de Damoclès qui le menace à chaque combat qu’il confie à Vincent son amour, son amour de toujours, cet amour caché auquel il s’est attaché pour supporter la violence des bombes et l’odeur de la mort.
Alors, pendant les sept jours qu’il reste à Arthur avant de repartir vers la boucherie de cette guerre, les deux jeunes hommes vont se reconnaître, s’aimer d’une passion folle, pure et déchirante. Ils voleront pour eux toutes les nuits, dans le huis-clos d’une chambre, pour vivre un amour charnel et lyrique, sublimé et rendu violent par le drame inéluctable qui les attend.
Malheureusement, la cruauté du destin aura raison de la vie d’Arthur. Les dernières pages du roman nous laissent avec un Vincent au bord du désespoir, pleurant la disparition de l’innocent soldat.
« En l’Absence des hommes » est un livre bouleversant, magnifique, auquel on ne peut pas ressortir indemne. L’histoire, les émotions, sont servies par une plume d’une rare délicatesse, d’une clarté troublante. Bernard Pivot, journaliste, critique et animateur que tout le monde connaît, a dit de Philippe Besson qu’il était le « spéléologue de l’intime » et c’est tout à fait cela : je n’ai jamais lu de telles introspections ou tant de lucidité dans l’analyse des liens, des sentiments qui unissent des êtres.
En « L’Absence des hommes » est le tout premier roman de Philippe Besson et c’est celui qui le fera immédiatement connaître auprès des critiques et du public. J’ai eu la chance d’assister une conférence de Philippe Besson à l’ESC de Rouen en novembre 2007 ainsi que de rencontrer l’auteur Arnaud Cathrine en juillet 2010 et j’ai donc quelques anecdotes à raconter au sujet de ce roman. Philippe Besson était directeur des Ressources Humaines pour un fournisseur d’Internet lorsqu’il écrivit ce roman en toute intimité, ne pensant jamais être publié. Pourtant, un jour, lassé de cette vie qui ne semblait pas lui correspondre, et tenté par l’ailleurs, il partit pour le Brésil et c’est de Sao Paulo qu’il envoya, comme une bouteille à la mer, sans trop y croire, un exemplaire de son manuscrit à ce qui deviendra sa fidèle maison d’édition : Julliard.
Lorsque j’ai rencontré l’auteur Arnaud Cathrine lors d’un salon littéraire, je lui racontais mon grand intérêt pour les livres de Mr Besson. Il me confiait qu’il était à l'époque lecteur pour Julliard et que, subjugué par ce manuscrit qui venait d’on ne sait où, d’on ne sait qui, il alarma la maison d’édition : « Là on tient quelque chose de fort », je le cite.
Mais je digresse, je digresse, revenons au sujet principal de ce billet : le nouveau roman de Philippe Besson ! C’est suite aux questions de ses lecteurs que P. Besson s’interrogea sur ce qu’aurait pu devenir son personnage de Vincent de l’Etoile. La réponse à ces interrogations se trouveront donc dans « Retour parmi les hommes ». D’après les informations données dans cet article du blog de Cultura, on apprend que Vincent va s’enfuir, dans des périples qui l’amèneront en Italie, en Afrique et au Moyen-Orient (et là je me rappelle de Louise dans « Se résoudre aux adieux » qui elle aussi part en exil pour fuir un amour blessé, mais je pense également à Rimbaud, le poète aux semelles de vent, qui est le personnage central de « Les Jours Fragiles »), puis termine sa course à New York, au début des années 20, époque de grands bouleversements en Amérique (et thème déjà abordé dans « L’Homme Accidentel » et totalement développé dans « La Trahison de Thomas Spencer »). Quand il doit finalement retourner à Paris, les espoirs de Vincent renaissent grâce à la rencontre d’un jeune romancier : Raymond Radiguet (l’auteur de « Le Diable au corps », cette sulfureuse histoire d’amour entre un jeune homme et une femme d’âge mûr). Tous deux vont vivre l’insouciance des années 30, des années folles, avant que la fatalité refasse son apparition.
Je terminerai en confiant que je suis très impatient (comme un oisillon qui attend la becquée ^^) de lire « Retour parmi les hommes », qui comme la plupart des romans de Philippe Besson, sort au moment de mon anniversaire et que je m’offre toujours en cadeau ! D'autant plus que P. Besson termine son interview en confiant que ce dernier livre est peut-être son " roman le plus personnel " !