vendredi 14 janvier 2011

Quelques extraits de "Une Voix dans la Nuit" d'Armistead Maupin



"_Tu comprends, Jess était mon unique certitude, dis-je. L'idée de la perdre me déplaît souverainement.
_ Quel genre de certitude ?
_ Oh, ce n'est qu'un sentiment qu'on éprouve à certains moments. Par exemple, quand on est sur une autoroute la nuit, fonçant dans l'obscurité avec les lumières qui défilent des deux côtés, qu'on ne se parle même pas, et que tout à coup l'un de nous deux pose la main sur la cuisse de l'autre. Il n'existe pas au monde d'instant plus vrai que celui-là, Pete. Et il n'exprime qu'une chose : "Tu es là, je suis là, nous sommes ensemble." C'est un sentiment qu'on éprouve aussi en avion, quand les lumières de la cabine sont éteintes et qu'on est les deux seuls à ne pas être endormis. Ou même quand on est chacun à un bout du salon pendant une réception ennuyeuse et que nos regards se croisent par hasard. C'est l'unique forme de miracle qui nous soit accessible, je crois. "
(chapitre 7, p. 142)



" Ce qui fait la richesse du coeur, c'est l'amour qu'on donne, pas celui qu'on reçoit. L'important, c'est d'aimer. Être aimé, c'est à la portée de n'importe qui. Même Hitler, y'a des gens qui l'aimaient."
(chapitre 7, p. 143)



"_ Tu crois que le paradis existe ?
_ Euh... oui. Mais on y est déjà, à peu de chose près.
_ Qu'est-ce que tu veux dire ?
_ Être proche de quelqu'un, c'est le paradis. Ou en tout cas, c'est le seul genre de paradis auquel j'aspire. Parce qu'au moins on peut en jouir de son vivant. Et que c'est comme ça qu'on finit par vivre éternellement. Dans le coeur de ceux qui vous ont aimé.
_ Et quand ils meurent à leur tour ?
Je m'esclaffai. "
(chapitre 8, p. 151)




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire